Skip to content

IMMERSION À AURIOL : « CHEZ NOUS, PAS DE DIFFERENCE ENTRE LES PROS ET LES VOLONTAIRES »

 Pendant 12 heures, deux agents du Groupement information et relations extérieures ont pu suivre les Pompiers13 de garde au centre d’incendie et de secours d’Auriol. Retour sur une journée où s’entremêlent interventions, témoignages de sapeurs-pompiers et moments de vie en caserne.

« J’ai toujours voulu faire ça. Mais d’abord, je veux voir si ça me plaît. Si ce qu’on nous montre correspond bien à la réalité. » Malgré l’horaire très matinal et des températures encore assez fraiches, Nicolas déborde de motivation en ce jeudi 25 janvier. Du haut de ses 23 ans, le voilà prêt à se lancer dans une matinée d’immersion au centre d’incendie et de secours d’Auriol. À ses côtés, Susie, 22 ans, étudiante à Sciences Po Aix, a envie de « donner du sens à sa carrière ». Ces deux jeunes gens passeront une demi-journée avec les Pompiers13 d’Auriol, avant, peut-être, de s’engager à leurs côtés. Mais pour l’heure, pas le temps de poursuivre les présentations avec la garde, puisqu’une grande partie doit aller secourir une victime dont la soirée a été un peu trop arrosée.

Pour les accompagner en ce début de matinée, les deux potentielles recrues peuvent malgré tout compter sur Guillaume. À 43 ans, ce cadre d’entreprise souhaite ouvrir un nouveau chapitre de sa vie et ça passe par le monde des sapeurs-pompiers. « Je suis de la région mais je suis arrivé à Auriol il y a deux, trois ans », raconte-t-il. « J’avais envie d’aider localement et j’ai donc entrepris la démarche de devenir sapeur-pompier volontaire l’été dernier. Je sors à peine de formation SSUAP (Secours et soins d’urgence aux personnes). J’ai encore tout à apprendre, tout à comprendre… »

« Je voyais les pompiers comme des héros »

Hasard du calendrier : un exercice d’évacuation est programmé ce jeudi au collège Ubelka, avec simulation d’incendie et secours à victime. « C’est bien tombé », reconnaît Guillaume, qui a pu observer « le niveau de cohésion » des personnels mobilisés sur cette manœuvre. « Chacun a son rôle et on voit que différentes compétences se développent au fur et à mesure que l’intervention se déroule ». Mission accomplie sous les yeux admiratifs et les applaudissements des élèves. De quoi raviver des souvenirs chez le lieutenant Rémy Paniego-Martinez, chef de centre du CIS Auriol, qui a surveillé de très près l’exercice de ses troupes.

« Petit, j’ai vécu en Guadeloupe et à Saint-Pierre-et-Miquelon, et c’est là que j’ai connu un séisme de magnitude 6,5 et un ouragan », raconte-t-il. « Lors du séisme, la maison de mon voisin, qui était un ami, a été détruite et les pompiers sont intervenus. Ça m’a marqué car mon père est allé leur parler et je les voyais un peu comme des héros. Je pense que c’est ça qui m’a mis le pied à l’étriller et permis de m’investir en tant que jeune sapeur-pompier à l’âge de 12 ans, puis de réussir mon concours de lieutenant à 20 ans. »

« Pas une question d’âge »

Devenu chef de centre à seulement 23 ans, le lieutenant Paniego-Martinez, qui en compte aujourd’hui 27, est fier de la caserne dont il a la responsabilité au quotidien. « C’est familial, il y a une super ambiance », décrit-il concernant ce CIS qui compte 83 sapeurs-pompiers, dont dix professionnels, avec une garde à six personnels sur 12 heures pour environ 1 600 interventions à l’année. « J’essaie de promouvoir le bien-être, l’engagement mais surtout la compétence. Pour moi, c’est ce qui compte plus et c’est pourquoi j’accentue sur les fautes qui peuvent porter un préjudice soit aux victimes, soit aux agents. Sur une intervention, la sécurité doit primer », poursuit-il, en insistant : « ce n’est pas une question d’âge » pour être un bon chef de centre mais bien « une question de compétence et de valeurs ».

Un point de vue partagé par l’adjudant-chef Julien Viet, sapeur-pompier professionnel depuis plus de 20 ans à Auriol. « On a un bon chef de centre, qui fait que ça va tout seul », sourit-il. « Chez nous, il n’y a pas de différence entre les pros et les volontaires, d’où un excellent état d’esprit dans la caserne », continue cet ancien volontaire à Roquefort-la-Bédoule, témoin également de la bonne évolution de la caserne d’Auriol quant au partage de connaissances. « On sent que ça s’est beaucoup professionnalisé. Pas dans le sens où il y a plus de pros, mais dans la façon de faire des choses et ça s’explique aussi par le mouvement dans les centres. »

« Prenons le cas d’Auriol. Ici, on a toujours eu un bon niveau en secourisme. En revanche, on a moins d’expérience sur les feux urbains car on est moins sollicités dessus », détaille l’adjudant-chef Viet. « Donc le fait de réussir à faire venir des gens qui viennent de gros centres, ça nous apporte cette expérience-là. Et même pour moi, qui suis resté au même endroit depuis vingt ans, j’ai le sentiment d’évoluer », ajoute-t-il, soulignant également l’importance de la « proximité » avec les habitants. « On a cet avantage-là, de pouvoir discuter avec les gens, de croiser souvent les mêmes personnes…»

« Pour ma famille, c’est aussi une fierté »

Cette proximité et cette transmission, le centre d’incendie et de secours d’Auriol en a fait une marque de fabrique, sur le terrain comme dans la vie de caserne. Appelés à l’issue de la manœuvre au collège Ubelka, les sapeurs-pompiers retrouvent une personne auprès de laquelle ils sont intervenus trois semaines plus tôt à cause d’un AVC. L’après-midi, alors qu’une partie de la garde est à nouveau mobilisée coup sur coup sur deux secours à la personne, celles et ceux qui sont restés se lancent dans une séquence sur le port de l’appareil respiratoire isolant. Une instruction une nouvelle fois « très utile » pour Guillaume, qui doit « suivre une formation dans quelques jours ».

Pour le sapeur Thomas Souissi, ces moments qui marquent la vie des sapeurs-pompiers sont « une soupape » dans un quotidien qui peut ne pas toujours être facile. À 31 ans, ce jeune père de famille travaille à son compte dans la rénovation de toitures et trouve un vrai équilibre de vie avec le centre d’incendie et de secours d’Auriol. « Pour ma famille, c’est aussi une fierté, ça leur plaît », reconnaît-il. « Et puis, l’ambiance caserne… L’urgence, le fait de se lever la nuit, partir pour aider les gens… C’est important et je viens aussi pour ça. »

ALBUM PHOTOS DE L’ARTICLE

CIS Auriol : Immersion au cœur du CIS
VIDÉO

REJOIGNEZ LES POMPIERS13