Dans le cadre d’un partenariat entre le Sdis 13 et les universités de Montpellier, de Nîmes et d’Aix-Marseille, une manœuvre grandeur nature s’est déroulée vendredi 22 mars au profit des médecins urgentistes qui suivent le cursus de la capacité de médecine de catastrophe.
Quatre heures du matin, heure de Paris. Un séisme sous-marin de magnitude 7,4 sur l’échelle de Richter est enregistré à 22 kilomètres des côtes marseillaises, à une profondeur de dix kilomètres. Une vague-submersion frappe le département des Bouches-du-Rhône, détruisant de nombreux bâtiments et axes routiers. Seulement trois hôpitaux et quatre cliniques sont opérationnels, alors que près de 900 000 personnes sont impactées par cet événement qui laisse présager le pire. Sur la commune des Pennes-Mirabeau, un bus a percuté un immeuble déjà en ruines et plusieurs adolescents manquent à l’appel. Un scénario catastrophe auquel sapeurs-pompiers et médecins urgentistes ont fait face vendredi 22 mars, lors d’un exercice USAR-NOVI-MAF (1) grandeur nature qui s’est déroulé au centre d’incendie et de secours des Pennes-Mirabeau.
Près de 80 personnes mobilisées
Sous la houlette du chef de centre, le capitaine Hervé Bovo, et du médecin lieutenant-colonel Sébastien Beaume, de la sous-direction Santé des Pompiers13 et qui est également coordinateur de l’enseignement de la capacité universitaire de médecine de catastrophe pour l’université Aix-Marseille, rouges et blancs ont travaillé main dans la main tout au long de la journée, reproduisant le même exercice le matin et l’après-midi mais avec des rôles différents pour certains. L’objectif est clair : apprendre à parler le même langage pour fluidifier la communication interservices et ainsi secourir le plus rapidement possible les victimes.
Une mission qui a mobilisé près de 80 personnes, encadrants et observateurs compris. Parmi les forces en présence : sept Pompiers13 à la manœuvre de force, onze pour l’unité USAR, douze pour la chaîne de commandement, quatre cynotechniques, trois télépilotes de drone, six personnels au poste médical avancé, deux agents au véhicule nombreuses victimes, dix-neuf médecins urgentistes, sans oublier trois anciens sapeurs-pompiers à la logistique. Sacrée équipe !
« Cet exercice se réalise dans le cadre d’un partenariat qu’a le Service départemental des Bouches-du-Rhône avec les universités de Montpellier, de Nîmes et d’Aix-Marseille pour l’enseignement universitaire de la capacité de médecine de catastrophe », détaille le médecin lieutenant-colonel Beaume. « Il a pour but de former des médecins qui sont déjà tous des urgentistes confirmés, qui travaillent dans des Samu, des Smur ou encore des services d’urgence, à des compétences complémentaires pour prendre en charge les victimes en nombre. »
« Cet exercice est le point final de la deuxième semaine de formation de cet enseignement, c’est la première fois où ils sont mis en conditions réelles sur le terrain pour prendre en charge des victimes en nombre », poursuit-il. « On a collé le plus possible à la réalité du terrain, et c’est ce que permet ce partenariat avec le Sdis 13 puisque les stagiaires peuvent bénéficier de l’infrastructure du centre des Pennes-Mirabeau et travailler avec une chaîne de commandement pompiers de niveau chef de site complète. Il y a une vraie plus-value. »
« C’est le terrain qui guide à chaque fois »
Si le bilan de la journée est positif pour le médecin lieutenant-colonel Beaume, c’est d’abord parce que chacun a su s’adapter à l’autre, autant dans la forme que sur le fond. « C’est le but de la formation : depuis le début, on explique à nos médecins urgentistes comment interagir avec le personnel en place sur le terrain et aujourd’hui, on a vu que les équipes médicales ont très rapidement trouvé leur place auprès des pompiers. » Une vraie communication a permis à chaque fois de secourir les victimes « dans des délais tout à fait convenables pour une première mise en situation » et d’effectuer des « manœuvres fluides. »
« Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule idée de manœuvre, c’est le terrain qui guide à chaque fois », poursuit le médecin lieutenant-colonel Beaume. « On l’a vu aujourd’hui : sur un même scénario joué le matin et l’après-midi, on a eu deux idées de manœuvres, elles ne se sont pas exactement déroulées de la même façon, même si on a respecté le cadre et toutes les procédures. Cela démontre bien qu’il n’y a jamais une seule manière de faire. C’est très enrichissant pour les médecins urgentistes comme pour les sapeurs-pompiers. C’est un partage d’expériences qui est gagnant-gagnant et qui fera le succès de nos opérations futures sur le terrain. »
Prochaine étape pour les médecins urgentistes stagiaires de cette formation : fin mai à Nîmes, avec notamment un exercice final multisites qui viendra valider leur cursus, en plus d’un examen écrit. Une étape obligatoire avant la participation, pour celles et ceux qui le souhaitent. De quoi se perfectionner davantage car personne n’est à l’abri d’un tel scénario, pourtant digne d’un film de science-fiction. « Cette manœuvre NOVI, c’est la deuxième fois qu’on l’a faite ici, aux Pennes-Mirabeau. Et l’année dernière, certains personnels qui étaient présents ont été engagés lors des effondrements de la rue Tivoli, à Marseille », raconte le médecin lieutenant-colonel Beaume, avant de conclure : « C’est notre rôle de s’y préparer et cela démontre qu’on ne travaille pas sur des choses hypothétiques. »
1 : USAR (urban and search rescue), NOVI (nombreuses victimes), MAF (manœuvre de force)