Les Pompiers13 ont participé au 3e détachement de la Sécurité civile parti au Canada, en proie à des feux gigantesques. Retour sur les actions menées sur place et sur un engagement là encore extraordinaire.
19 juillet, aéroport Marseille-Provence. Une nouvelle relève a pris le départ pour aller remplacer les sapeurs-pompiers et les sapeurs-sauveteurs français engagés depuis le 28 juin au Canada. Depuis des mois, ce territoire subit en effet des feux de très grande ampleur. Dès le 21 juillet, ce troisième détachement de pompiers français, placé sous le commandement du contrôleur général Emmanuel Clavaud et intégrant cinq Pompiers13, a suivi une présentation de la SOPFEU, la société de protection des forêts contre le feu. Dans la foulée, les équipes ont pris la route pour Roberval, à trois heures de route de Québec. Les attendait là-bas une formation sur l’hélicoptère et les matériels.
En deux convois ensuite, le détachement a pris la route de Wemindji d’une part, et de Radisson d’autre part. Là, sans perdre de temps, les actions ont débuté : à Wemindji, des sapeurs-pompiers appuyés par des équipes de soutien (drones et soutien sanitaire) ont entamé des actions de forestage et de noyage pour jalonner les feux n°601 et n°602. Cela permettait de participer à la protection de zones stratégiques (notamment de l’unique tronçon routier menant au village et des infrastructures de transport d’électricité). L’équipe drone effectuait pour sa part des vols de détection de points chauds dès la tombée de nuit. Du côté de Radisson, les formations militaires de la Sécurité civile ont été déployées sur le terrain pour traiter les lisières et les reprises de feu ; elles ont également effectué des actions de forestage pour protéger une infrastructure technique sensible.
Sur les deux chantiers, les équipes drone ont assuré des vols de reconnaissances afin d’aiguiller le travail des équipes au sol.
Le dispositif Fenics déployé sur le terrain
Dans le même temps, le module européen Fenics a été installé dans le PC à Radisson et les équipes se sont également rendues sur le terrain à Wemindji pour déployer une bulle wifi au cœur du chantier. Parfaitement opérationnel, Fenics a permis de mettre en œuvre un réseau de transmission et de géolocalisation dans cette zone isolée et jusqu’alors non pourvue. Via ce dispositif, le détachement a pu rester en contact sur le terrain mais aussi avec le PC, et cela grâce à une couverture Antarès sur une vingtaine de kilomètres. Deux bulles Antarès ont été installées, permettant une couverture radio dans un rayon de 40 kilomètres ainsi que deux bulles wifi à proximité immédiate des engins Fenics. Une interconnexion entre Antarès et l’application Team on the run a permis des échanges réguliers entre les différents intervenants.
Les jours suivants, quelques pluies dans le Sud ont permis de réduire le nombre d’équipes engagées sur certains feux importants. Pour autant, les équipes ont poursuivi leurs actions. Il demeurait essentiel en effet de protéger les populations de la communauté des premières nations. Les opérations d’extinction se sont poursuivies sur les feux situés en zone nordique et avec des enjeux forts. Les reconnaissances et détections de points chauds se sont poursuivies également. De même que les actions de forestage, de traitement des lisières et des points chauds.
L’accès à Radisson maintenu
Malgré la difficulté du travail, les actions menées ont porté leurs fruits : sur le feu n°601, on peut mentionner 600 mètres de lisière traités à l’ouest du feu pour maintenir l’accès à Radisson et limiter la propagation du feu ; la création de deux drop zones pour sécuriser la pose d’hélicoptères ; mais aussi des opérations de forestage et traitement de points chauds près de 14 poteaux électriques en bois et d’un réseau de fibre optique afin de maintenir ce réseau stratégique.
Reprises de feu
Le 2 août, les températures avoisinant 25°C ont réactivé de nombreuses reprises de feu. Dès lors, les équipes ont été projetées sur le terrain : leur intense travail de lutte a permis de limiter les reprises et contenir des propagations. Même engagement pour les équipes drones, déployées entre 21h30 et 1h du matin, puis entre 4h et 7h du matin à la demande du responsable des interventions ; leur rôle était d’établir une cartographie précise des points chauds à traiter pour la journée. Toutes ces opérations au sol ont été appuyées par des actions aériennes. Le lendemain, à l’issue de 12 jours de travail sans relâche ni repos, le détachement a poursuivi sa mission de lutte. Le déploiement de Fenics s’est poursuivi : l’équipe dédiée, initialement positionnée sur la piste, a été projetée au cœur de la forêt auprès des équipes engagées, pour leur apporter un moyen de transmission essentiel à la bonne réalisation des missions, à la protection et à la sécurité des personnels notamment lors des largages HBE (hélicoptères bombardiers d’eau). Il faut dire que le personnel est projeté sur le terrain avec neuf hélicoptères dont un Chinook (hélicoptère bombardier d’eau de 10 000 litres) et un HBEL (hélicoptère bombardier d’eau lourd).
Puis, afin de préparer le départ, l’ensemble du matériel apporté par les détachements 1 et 2 ainsi que le matériel du module Fenics apporté par le détachement 3 ont été reconditionnés. Une fois Fenics désengagé, une nouvelle organisation a été mise en place afin de garder le contact entre les équipes au sol, le poste de commandement et les pilotes d’hélicoptère (avec des transmissions via les téléphones satellitaires mis à disposition par la SOPFEU). Au total, 12 tonnes de matériel ont été prises en compte et chargées dans un avion, direction Montréal.
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